Interview : Julien LETAILLEUR, responsable du site de production en chocolaterie

Nous avons échangé avec Julien Letailleur, un artisan passionné par le monde de la pùtisserie et de la chocolaterie. Issu du CFAie de Val de Reuil, Julien nous partage son parcours, depuis ses premiers pas en tant qu'apprenti jusqu'à son rÎle actuel de responsable du site de production chez Auzou chocolaterie. Au fil de notre conversation, il évoque les défis et les satisfactions de son métier.
Parle-nous de ton parcours ?
Mon parcours scolaire a été quelque peu atypique, car je n'étais pas vraiment attiré par les études classiques. Heureusement, le CFAie m'a permis de découvrir et de m'engager dans une voie professionnelle qui me passionnait. J'ai obtenu trois CAP : un en pùtisserie, réalisé en deux ans au CFAie, suivi d'un CAP en chocolaterie achevé en un an. AprÚs mes études, j'ai travaillé dans le domaine de la pùtisserie et exploré le secteur de l'agroalimentaire pour élargir mes horizons. Plus tard, une opportunité de faire un CAP en boulangerie s'est présentée. J'ai alors décidé de retourner en alternance chez mon ancien employeur pour poursuivre cette nouvelle formation.
En quoi consiste le mĂ©tier de chocolatier ? đ«
Actuellement, je suis employĂ© chez la chocolaterie Auzou, oĂč je travaille depuis 15 ans. RĂ©cemment, j'ai Ă©tĂ© promu responsable du site de production. Le mĂ©tier de chocolatier, mon domaine d'expertise, implique la crĂ©ation de moulages et de piĂšces en chocolat. Ce mĂ©tier se divise en deux spĂ©cialitĂ©s principales : la chocolaterie et la confiserie.
Dans la chocolaterie, je me consacre Ă la fabrication de pralinĂ©s et de ganaches. Quant Ă la confiserie, elle englobe la rĂ©alisation de divers produits comme les pĂątes de fruits, les guimauves, les caramels mous, les orangettes, et bien d'autres. đŹ Ces deux domaines sont Ă la fois liĂ©s et distincts. Chacun choisit de se spĂ©cialiser selon ses prĂ©fĂ©rences.
Qu'est-ce qui t'a envoyé vers cette voie ?
Mon orientation vers cette voie a été influencée par mon pÚre, qui était professeur de sport en CFA. Grùce à sa connaissance du fonctionnement du CFA, il m'a encouragé à envisager cette option. Depuis mon plus jeune ùge, j'avais l'ambition de devenir cuisinier. Cette passion m'a naturellement conduit à explorer le monde de la pùtisserie, et c'est ainsi que j'ai décidé de me spécialiser dans ce domaine.
Aujourd'hui qu'est-ce qui te plaĂźt le plus dans ton travail ?
𫶠Ce que j'apprécie le plus dans mon travail, c'est l'aspect créatif. J'adore susciter l'envie chez les autres en partageant mes idées et mon savoir-faire. Pour moi, il est essentiel de transmettre ses connaissances ; si on ne les partage pas, cela ne donnera pas aux autres l'envie d'apprendre et de s'investir dans ce métier. La communication est clé. C'est en partageant que l'on enrichit son environnement professionnel et que l'on inspire les générations futures.
Penses-tu que le CAP pĂątisserie et le CAP chocolaterie vont forcĂ©ment ensemble ? đ
Je considĂšre qu'il est utile de combiner le CAP pĂątisserie avec le CAP chocolaterie, car ces deux formations enseignent des compĂ©tences distinctes et complĂ©mentaires. La pĂątisserie et la chocolaterie sont deux mĂ©tiers diffĂ©rents, chacun nĂ©cessitant un ensemble spĂ©cifique de connaissances et de techniques. Bien qu'une base en pĂątisserie soit essentielle, la maĂźtrise du travail du chocolat lâest Ă©galement pour un pĂątissier. Notamment pour la crĂ©ation de piĂšces spĂ©ciales pour des occasions comme PĂąques, NoĂ«l ou d'autres fĂȘtes, un pĂątissier doit savoir rĂ©aliser des structures en chocolat.
Il y a des techniques spécifiques en chocolaterie qui, si elles ne sont pas maßtrisées, peuvent affecter la qualité du travail final de la pùtisserie. En somme, l'acquisition de compétences dans ces deux domaines est fondamentale pour un pùtissier qui souhaite innover dans son métier.
Quelle est la plus grosse difficulté dans ton poste actuellement ?
đȘ La plus grande difficultĂ© dans mon mĂ©tier est la nĂ©cessitĂ© d'avoir une motivation et une Ă©nergie constantes, surtout pendant certaines pĂ©riodes de l'annĂ©e. Lorsque les fĂȘtes approchent, comme Ă NoĂ«l par exemple, le rythme du travail s'intensifie considĂ©rablement. Il est essentiel de ne pas compter ses heures et de maintenir un niveau Ă©levĂ© de dynamisme pour rĂ©pondre aux besoins de cette pĂ©riode. Cette intensitĂ© de travail pendant les pĂ©riodes festives reprĂ©sente un dĂ©fi, nĂ©cessitant une vĂ©ritable passion pour la pĂątisserie et la chocolaterie.
Embauches-tu des apprentis au sein de ton entreprise ?
Dans notre entreprise, nous prenons rarement des apprentis, car notre mode de production est devenu plus industriel. Malheureusement, dans ce contexte, les apprentis ont moins l'opportunité d'apprendre, car nos processus sont principalement axés sur des chaßnes de production en grande série. Cette orientation vers un modÚle de production à plus grande échelle limite la capacité des apprentis à posséder des compétences variées et approfondies, qui sont essentielles dans les métiers de la pùtisserie et de la chocolaterie.
La crĂ©ation ne te manque pas ? đš
Oui, la création me manque un peu, particuliÚrement en ce qui concerne l'intérieur des chocolats. Néanmoins, c'est un choix de carriÚre que j'ai fait volontairement. Ce choix m'a ouvert les portes à de nouvelles expériences et m'a permis de découvrir des aspects du métier que je ne connaissais pas auparavant, notamment l'utilisation de machines plus sophistiquées. Bien que la dimension créative soit moins présente dans mon travail actuel, cette évolution me permet d'explorer d'autres facettes de la chocolaterie.
Un mot de la fin ?
Je tiens Ă partager le plaisir dâassister aux journĂ©es portes ouvertes et Ă revoir mes anciens professeurs de ce CFA normand. Ces rencontres sont l'occasion d'Ă©changer sur notre Ă©volution professionnelle, ce qui est toujours enrichissant.
Par ailleurs, je souhaite souligner l'importance de la Chambre des Métiers. Je conseille vivement à toute personne ayant besoin de ne pas hésiter à les solliciter, car ils offrent une aide précieuse, particuliÚrement en matiÚre de recherche d'apprentissage. Leur soutien peut s'avérer déterminant dans le parcours professionnel de nombreux apprentis.