Interview : Matthieu SARAZIN, le parcours atypique d’un boucher devenu jury 🥩

Matthieu Sarazin, ancien apprenti boucher du CFAie de Val-de-Reuil, nous livre un témoignage passionnant. De sa reconversion professionnelle à son rôle de jury, en passant par des expériences variées, il nous raconte son parcours riche et atypique. Un entretien inspirant pour tous ceux qui envisagent une carrière dans l'artisanat !
Pourquoi l'apprentissage ? 🤔
Alors, j'ai suivi un parcours un peu différent. J'ai fait une reconversion professionnelle. J'avais 28 ans à l'époque. C'était plus par curiosité qu'autre chose, je n'avais jamais fait de stage avant. Je me suis dit : "Tiens, on va tester la boucherie !" J'ai un bac économique et social, et j'ai commencé une licence d'espagnol avant de partir en gendarmerie. Rien à voir avec le monde de l'artisanat !
La boucherie : une vocation ?
J'aime la viande, tout simplement, et j'étais habile de mes mains. Personne dans ma famille n'était boucher, et je n'ai pas fait de stage avant de me lancer. J'ai directement fait le CAP et le BP.
Quel est ton parcours professionnel ? 💼
Après avoir obtenu mon BP, j'ai travaillé un peu à l'abattoir. Mais j'ai eu le syndrome du canal carpien des deux mains. J'ai été en arrêt et je n'ai pas été repris à l'abattoir après. Du coup, j'ai bifurqué dans l'immobilier pendant trois ans. Ensuite, j'ai eu l'opportunité d'ouvrir ma propre boucherie. Je me suis lancé, mais j'ai dû fermer au bout de quatre ans à cause de problèmes logistiques avec la mairie, qui était propriétaire des murs. J'y ai laissé quelques plumes... Maintenant, je travaille dans le commerce pour un fournisseur de cochons. Le fait de bien connaître le monde de la boucherie est un plus en tant que commercial, ça m'a permis de me démarquer des autres candidats qui ont pu postuler avant moi.
Et en parallèle, je suis jury au CFAie pour les CAP, BP et les concours de Meilleur Apprenti de France départementaux et régionaux.
As-tu beaucoup de responsabilité aujourd’hui 🎯
Moi, je démarche de nouveaux clients, je réponds à leurs questions, à leurs demandes concernant la qualité de la viande, les découpes, etc. Et après, je m'arrange pour qu'ils soient livrés dans les temps.
C'est compliqué, car ils veulent tous être livrés à 6 heures du matin, donc c'est difficile quand on n'a qu'un seul camion ! Il faut savoir trouver des solutions quand il y a un problème. L'objectif, c'est que la machine tourne sans accroc. C'est assez stressant parfois.
Un projet fou ? 🤔
Aujourd'hui, je paie encore les pots cassés de ma première expérience, donc j'attends un peu ! Mais j'ai postulé au CFA pour remplacer un formateur qui va bientôt partir à la retraite. Ça me plairait bien, car j'ai déjà eu des apprentis qui ont été reconnus. Aujourd'hui, l’un d'eux a ouvert deux boutiques. J'espère l'avoir aidé au maximum.
Mon objectif, c'est ça : transmettre ma passion. On a un beau métier qui n'est pas très en vogue, alors que la demande est là. Demain, si je suis viré, je retrouve du boulot dans la journée ! C'est bien payé, à condition d'avoir le bagage nécessaire. Un boucher ne connaît pas le chômage.
Le CFAie en quelques mots ? 💬
Pour la boucherie, c'est l'excellence. On pousse les apprentis jusque-là, que ce soit en tant que jury ou pendant les cours. On demande des dossiers très pointus. C'est aussi la polyvalence, car le CFAie regroupe quasiment tous les corps de métier. Et enfin, quand j'y vais, je me sens comme à la maison. Je connais chaque recoin et je suis toujours accueilli avec le sourire.
Ce qui te rend le plus fier 🌟
C’est la polyvalence, le fait d'être un touche-à-tout. D'avoir fait des études, une licence d'espagnol… pour finalement faire de la boucherie. C'est un privilège, ça permet de voir différentes facettes. Je suis fier d'avoir trouvé ce que j'aime faire, d'avoir trouvé ma passion et d'en avoir fait mon métier.
Un conseil pour les bouchers de demain ?
Faites-le par passion, par envie, pas par défaut. C'est un métier dur : on se lève tôt, on travaille les week-ends, les jours fériés, dans le froid, avec des couteaux... C'est un métier dangereux, mais derrière, il y a la reconnaissance du client qui nous dit : "Super, j'ai invité toute la famille, ils se sont tous régalés, il ne reste plus rien !" Ce plaisir-là, il est top. Faites-le vraiment par plaisir, pas parce que vos parents vous y poussent. C'est pour ça que j'ai touché à autant de choses avant de trouver ma voie. Une fois qu'on l'a trouvée, on se lève avec le sourire aux lèvres !
Un grand nom de la boucherie avec qui passer une journée ? 🤔
Il y en a tellement ! J'ai déjà eu la chance de passer du temps avec Romain Leboeuf, qui est Meilleur Ouvrier de France, Alexis Caquelard, également MOF.
Mais aussi les formateurs de pratique du CFAie : David HURET et Xavier LORTHIOS qui ont formé quasiment tous les bouchers de Normandie.
Il n'y a pas vraiment une personne en particulier. Chacun a sa façon de travailler. Le fait d'en connaître une multitude permet de se faire son propre chemin. On pioche des idées à droite à gauche. Chaque jour, on apprend de nouvelles choses, peu importe de qui ça vient, ça peut être un simple apprenti ou un grand MOF. Cette amplitude de connaissances est incroyable !