Interview : Maëva et Baptiste BRIERE, entrepreneurs de 23 ans 🙌

Interview : Maëva et Baptiste BRIERE, entrepreneurs de 23 ans 🙌

Maëva et Baptiste BRIERE sont la preuve vivante que l'apprentissage peut mener loin. Anciens apprentis du CFAie de Val-de-Reuil, ils ont ouvert leur propre boulangerie pâtisserie à seulement 23 ans. Retour sur leur parcours hors du commun.

Quel est votre parcours au sein du CFAie ?

Maëva : J’ai commencé par un CAP Pâtissier en 2015, ensuite un CAP Chocolatier en 1 an, puis un BTM Pâtissier, soit 5 ans d’étude.

Baptiste : Quant à moi, j’ai uniquement fait mon CAP Pâtissier au CFAie. Etant donné qu’on avait trouvé la même entreprise en chocolaterie, avec Maëva, il fallait que je change de CFA pour que l’on puisse faire une rotation entre les apprentis. Donc j’ai fait mon CAP sur Le Mans, puis mon BTM à Caen.

Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir l'apprentissage plutôt que la voie classique ?

Maëva : Très tôt, j'ai été bercée par la cuisine grâce à ma mère, ma grand-mère et ma tante. Elles rêvaient d'ouvrir un restaurant, mais il leur manquait une pâtissière. Végétarienne, je ne me voyais pas cuisiner de la viande. La pâtisserie s'est donc imposée comme une évidence. 🍰

Baptiste : De mon côté, j'étais un peu feignant à l'école. J'ai choisi la pâtisserie par hasard, un peu poussé par mon grand frère qui faisait de la pâtisserie hôtellière. Après un stage en boulangerie, mon patron m'a conseillé de me tourner vers la pâtisserie avant de faire de la boulangerie. C’est plus facile dans ce sens. En CAP, mon employeur m’a transmis sa passion qui est devenue la mienne également.

Quels ont été vos plus gros défis ? 💪

Maëva : En tant que femme, j'ai dû faire face à de nombreux préjugés sexistes. Beaucoup d'entreprises refusaient de me prendre en apprentissage, prétextant qu'elles n'avaient pas de vestiaires pour les filles. J'ai aussi essuyé des réflexions déplacées comme "les filles, c'est pour faire la plonge et le ménage". Ce fut difficile.

Baptiste : Le cliché de la "voie de garage" est aussi tenace. Mais heureusement, les mentalités évoluent. Le métier est devenu très tendance. En tant qu’apprenti, on est vraiment tributaire du premier employeur qui définira plus ou moins le professionnel qu’on deviendra.

Qu'est-ce qui vous fait bondir dans votre métier et que vous voudriez changer ?

Maëva : Beaucoup d'employeurs se plaignent de ne plus trouver de main-d'œuvre qualifiée, mais ce sont les mêmes qui prennent des apprentis pour leur dire de faire la plonge ou le ménage. Ces entreprises demandent à des jeunes de 15 ans d'être opérationnels et de connaître les bases, alors qu’elles ne font pas leurs produits elles-mêmes ou ne veulent pas prendre du temps pour leurs apprenants. ❌ C’est un sujet tabou que l’on souhaite dénoncer.

Baptiste : On est un peu des ovnis dans notre moulin. On est que trois professionnels et on n’utilise pas de mix (mélange de farine tout fait contenant plein d’additifs). C'est plus rentable, mais ça décrédibilise le métier d’artisan. Les marges sont moins bonnes, mais ce n’est pas grave, car ça va plus vite et c’est bien dommage. Les gens ont oublié comment ont fait du bon pain !

Comment avez-vous réussi à prendre votre envol et à ouvrir votre boutique si jeunes ?

Maëva : Après mes études, j'ai travaillé dans 4 entreprises différentes. Puis Baptiste et moi nous sommes associés.

Baptiste : Dès ma sortie de BTM, Maëva a rejoint l'entreprise dans laquelle je travaillais. J'ai été embauché comme responsable pâtisserie avant qu'on s'associe. Ensuite, on est parti et on a retrouvé du travail pour créer un capital avec l’objectif d’acheter et d’ouvrir une boutique. On a ainsi ouvert le 23 octobre 2023 « Maison Brière » en centre-ville de Rouen. 🤩

Maëva : On a 4 salariés et on aura 3 apprentis à la rentrée 2024.

Et qu’avez-vous prévu pour la suite ?

Baptiste : On a ouvert une boutique à 23 ans. On travaille beaucoup. On fait 150 % du chiffre d’affaires depuis que l’on a racheté. Pour ce qui concerne l’avenir, tout est écrit, on sait déjà où on va.

Maëva : Notre projet, c’est de revendre dans 10 ans et d’être à la retraite. On achèterait des laveries automatiques chaque année, et investirait dans l’immobilier locatif. Quand on a eu la boutique, on a créé une holding car on savait qu’on ouvrirait d’autres sociétés.

🗣️ Si vous deviez donner un seul conseil aux apprentis, quel serait-il ?

Maëva : Choisissez bien votre employeur ! Ne restez pas dans votre coin, bougez !

Baptiste : Il ne faut pas vous contenter d’une entreprise qui veut vous prendre en apprentissage, il faut en choisir une qui vous correspond.

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